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Mineurs transgenres : « Aujourd’hui, la menace d’interdire les transitions médicales et chirurgicales s’intensifie »

Chaque 31 mars, les communautés transgenres célèbrent leur existence partout où elles le peuvent. Dans plusieurs dizaines de pays, être une personne trans visible signifie vivre sous la menace constante de maltraitance, voire d’incarcération. Les femmes trans, comme les gays, risquent la peine de mort dans près d’une dizaine de pays.
La Chine réprime désormais toute représentation trans ou non conforme de genre à la télévision, les centres de thérapie de conversion y prolifèrent. En Russie, après l’interdiction de toute forme de transition, le mouvement LGBT+ est qualifié de « terroriste », entraînant une répression policière généralisée. Aux Etats-Unis, les partisans de Donald Trump mènent une campagne active contre les minorités LGBT+, avec près de 479 projets de loi visant à supprimer leurs droits. Dans le même élan, plus d’une vingtaine d’Etats conservateurs ont interdit les transitions de genre pour les mineurs et criminalisé leurs soignants, et ce malgré l’opposition vigoureuse des associations médicales et psychologiques.
En France, un groupe de sénateurs et sénatrices Les Républicains (LR) suit l’exemple de l’Amérique conservatrice en proposant d’interdire toute transition aux mineurs. Si cette proposition était adoptée, la France deviendrait le pays européen le plus dur sur ce sujet. Cette mesure est soutenue non pas par une analyse scientifique rigoureuse ni par une consultation représentative des mineurs ayant entrepris une transition ces vingt dernières années en France, mais par les interventions d’une minorité d’activistes antitrans.
Aujourd’hui, la menace d’interdire les transitions médicales et chirurgicales aux mineurs s’intensifie : le rapport de la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio (LR) appelle à remettre en question le droit de transitionner avant 25 ans et valorise la parole d’organisations conservatrices non impliquées dans les accompagnements des concernés.
Cette attaque est en lien étroit avec le climat politique réactionnaire actuel. Depuis plusieurs années, tous les prétextes ont en effet été bons de la part de collectifs et d’associations pour s’attaquer aux droits des personnes trans : appels à l’interdiction de continuer à utiliser les toilettes associées à leur genre, à pratiquer une activité sportive compétitive, appels au déremboursement des soins, au retrait des protections dont les personnes bénéficient en regard des discriminations et des agressions dont elles sont victimes, appels à l’abrogation de la loi de 2017 leur permettant de bénéficier d’un changement d’état civil (sans stérilisation). Le vécu transidentitaire se voit ainsi systématiquement nié, avec comme point focal actuel les mineurs trans, désormais l’objet de débats incessants avec la complicité de certains médias, comme l’a documenté l’Association des journalistes LGBT. On se souvient aussi qu’en 2023 le Conseil d’Etat a dû rejeter les requêtes de deux associations pour l’enfance demandant l’annulation de la circulaire dite Blanquer [sur le questionnement de genre à l’école].
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